Aperçu de la section

    • I. Des réponses variables dans l’espace et le temps

      Face à ces défis, les États oscillent entre politiques natalistes et anti-natalistes, menées de manière plus ou moins autoritaires. Dans les pays confrontés à une forte croissance démographique, le contrôle des naissances peut passer par le recul de l’âge au mariage, la diffusion de la contraception, l’éducation des filles à la santé et la sexualité, mais aussi la pénalisation financière ou encore les stérilisations et avortements contraints.

      Face au vieillissement, des États cherchent au contraire à encourager les naissances par des politiques natalistes incitatives (allocations, réductions d’impôts pour les familles nombreuses, dispositifs de garde d’enfants…) ou plus coercitives (par exemple l'Égypte a réduit les dépenses consacrées aux programmes de planification familiale depuis 2000).

      Ces politiques évoluent en fonction des trajectoires démographiques des États et des nouveaux enjeux socio-économiques qui en résultent. Après plus de 30 ans de politique de limitation des naissances et de privilège masculin, la Chine fait ainsi face aujourd’hui au vieillissement de sa population, mais aussi au déséquilibre du sex ratio (105 hommes pour 100 femmes en 2021).

      Qu’il s’agisse de limiter ou d’encourager la natalité, la place des femmes dans les sociétés apparaît comme un enjeu majeur. En 1994, lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, l’ONU a réaffirmé le droit pour chaque femme de décider librement du nombre d’enfants qu’elle souhaite avoir.

    • Affiche promouvant la politique de l'enfant unique en Chine dans les années 1990. Photo : Arian Zwegers, 1995.
      Affiche promouvant la politique de l'enfant unique en Chine dans les années 1990. Photo : Arian Zwegers, 1995.
      Une infirmière informe des jeunes femmes sur le planning familial, Arsi, Oromia, Éthiopie.  Photo : DKT Éthiopie, 2013.
      Une infirmière informe des jeunes femmes sur le planning familial, Arsi, Oromia, Éthiopie. Photo : DKT Éthiopie, 2013.
    • II. La croissance démographique, chance ou bombe à retardement ?

      Avec un grand nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail, peu de personnes âgées et de moins en moins d’enfants, la croissance démographique peut apparaître comme un avantage pour les pays qui entrent dans la deuxième phase de la transition démographique : on parle alors de « bonus » ou « dividende démographique ». Fournissant une main d’œuvre nombreuse à l’industrie et constituant un important marché de consommation, les nouvelles générations peuvent apparaître comme un levier de la croissance économique, comme cela a été le cas en Asie de l’Est où les classes d’âge actives constituent 70% de la population. Toutefois, cette situation n’est pas univoque : pour que cette jeunesse soit un atout, encore faut-il qu’elle soit éduquée, et qu’elle trouve un emploi. La question démographique est donc inséparable de celle du développement (chapitre 2).

      Si le vieillissement constitue un défi majeur dans les pays ayant atteint la phase de post-transition démographique (cours 2), il peut également constituer une opportunité et susciter le développement de nouveaux secteurs économiques. La « silver economy » désigne ainsi l’ensemble des produits et services dédiés aux personnes âgées, allant de la vente d’objets de santé connectés à la domotique, en passant par des offres de loisirs spécifiques. Dans l’Union européenne, le marché des seniors devrait représenter près de 5700 milliards d’euros d’ici à 2025. Au-delà des enjeux économiques, la question du vieillissement invite à repenser les liens entre générations dans nos sociétés.

    • III. Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?

      Une telle question nourrit depuis le XVIIIe siècle des discours catastrophistes prônant le plus souvent des solutions drastiques de limitation des naissances dites « malthusiennes », du nom du pasteur anglican Thomas Robert Malthus (1766-1834). Dans son Essai sur le principe de population (1798), celui-ci s’inquiétait que l’augmentation de la population finisse par excéder celle de la production agricole, entraînant la famine dans un Royaume-Uni alors en pleine transition démographique.

      Si les révolutions agricoles et l’amélioration globale des conditions de vie ont donné tort à Malthus (la pression démographique étant même à l’origine de progrès techniques), le rythme soutenu de croissance démographique mondiale de la 2e moitié du XXe siècle a donné lieu à un courant néo-malthusien mettant en garde contre le risque de surpopulation (tableau alarmiste dressé par le biologiste Paul Ehrlich dans son essai La bombe P). Le rapport Meadows publié par le Club de Rome en 1972 insistait quant à lui sur les défis environnementaux (pollution, épuisement des ressources) liés à cette croissance insoutenable.

      À l’échelle mondiale, le problème n’est donc sans doute pas tant celui du nombre d’habitants ou de la quantité de ressources, que celui de l’inégale répartition de celles-ci. Mesurée par l’empreinte écologique, la pression des hommes sur l’environnement révèle d’importantes disparités. Face à l’urgence climatique, la question de la surpopulation tient avant tout à l’évolution des modes de vie.


  • Je fais le point

  • Documents

    • Document 1 : L'École des Maris au Niger, une réponse au défi de la transition démographique ?

      L'École des Maris, Niger, Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), 2012.

    • La Chine – du défi du nombre à celui du vieillissement
    • Document 2 : Les grandes périodes de la politique chinoise de la population


    • Document 3 : L'évolution du nombre de naissances en Chine


    • Empreinte écologique et biocapacité
    • Document 4 : Évolution des émissions de CO2 par habitant en Chine, France, Australie et Inde


    • Document 5 : La vulnérabilité et le niveau de préparation des différents pays du monde

      Indice de vulnérabilité (Notre Dame Global Adaptation Initiative) : mesure l'exposition et la capacité d'adaptation d'un pays aux effets négatifs du changement climatique en prenant en compte six secteurs essentiels à la vie : l'alimentation, l'eau, la santé, les services écosystémiques, l'habitat humain et les infrastructures.
      Indice de l'état de préparation (Notre Dame Global Adaptation Initiative) : mesure la capacité d'un pays à tirer parti des investissements et à les convertir en actions d'adaptation en prenant en compte trois composantes : l'état de préparation économique, l'état de préparation de la gouvernance et l'état de préparation sociale.

    • Document 6 : Le « jour de dépassement » – de plus en plus tôt dans l'année


  • Activités

    • Activité 1 : Questions sur la vidéo « Écoles des Maris » (document 1)

      Visionnez la vidéo au lien ci-dessus, puis répondez aux questions :

      1. En quoi consistent les « Écoles des Maris » ? Quels sont les différents acteurs impliqués ?
      2. Décrivez l'expérience d'Abdoul Hadi Abdoul Hamidou au sein de l'École des Maris de son village. En quoi celle-ci a-t-elle valeur d'exemple ?
      3. Quel rôle peuvent jouer ces Écoles des Maris dans la santé maternelle et infantile ? Et dans le contrôle des naissances en Afrique de l'Ouest ? Quelles peuvent en être les limites ?
    • Activité 2 : La démographie chinoise (documents 2 et 3)

      Consigne : en confrontant les documents 2 et 3, montrez les liens entre les politiques démographiques chinoises et l'évolution du nombre de naissances en Chine. Vous préciserez notamment :

      • les effets de ces politiques et leurs limites,
      • la période de bascule du défi du nombre vers celui du vieillissement.
    • Activité 3 : Empreinte carbone et vulnérabilité (document 4)

      Consultez les cartes des empreintes carbone et de la vulnérabilité de chaque pays, puis répondez aux questions :

      1. À partir de ces documents, proposez une définition de l' empreinte écologique / carbone. Qu'est-ce que le « jour du dépassement » ?
      2. Quelles parties du monde sont « écologiquement débitrices » (« biocapacity debtors ») ? D'après vous, qu'est-ce que cela signifie ? Quel lien peut-on faire avec le niveau de développement ?
      3. Comment a évolué l'empreinte carbone de la Chine ? Selon vous, pour quelles raisons ?
      4. Comparez l'empreinte carbone par personne de l'Australie et de l'Inde. Que révèle cette comparaison sur les liens entre le nombre d'habitants et la pression sur l'environnement ?